Environnement et durabilité / Sofía Lazcano /
Le rôle de la durabilité dans la prise de décision des investisseurs institutionnels et le rôle des agences de conseil en vote (proxy advisors)
L’intégration des facteurs ESG dans la gouvernance des entreprises et le rôle important des agences de conseil en vote étaient les thèmes clés du séminaire «Comment les investisseurs institutionnels et les agences de conseil en vote font face à la durabilité dans les sociétés cotées», organisé par «Dialogues de Garrigues Sostenible».
Dans un monde des affaires de plus en plus axé sur la durabilité, les investisseurs institutionnels – et leurs conseillers en vote – redéfinissent leurs stratégies et leurs priorités. C’est ce qu’ont souligné Sergio González Galán, associé chez Garrigues, et Juan Prieto, PDG de Corporance Asesores de Voto, lors d’une session enrichissante qui a abordé les implications de la réglementation ESG et la demande croissante de transparence et d’engagement de la part des sociétés cotées en bourse.
La durabilité au cœur du débat
Le séminaire a débuté par une analyse historique de la manière dont les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ont gagné en pertinence au sein des entreprises. Sergio González Galán a passé en revue l’évolution des codes de bonne gouvernance successifs et de la loi espagnole sur les sociétés de capitaux. Ce cadre réglementaire est désormais renforcé par la directive CSRD, qui devrait être transposée d’ici la fin de l’année 2024, obligeant les grandes entreprises à publier des informations sur la durabilité de manière plus détaillée et selon des normes plus homogènes.
Pour sa part, Juan Prieto a expliqué comment est née Corporance, la première agence de conseil en vote espagnole, tout en soulignant, en ce qui concerne l’objet du Dialogue, que « les conseillers en vote ont dû élargir le champ de leurs analyses pour y inclure des critères de durabilité, car ces derniers sont devenus un facteur clé pour les investisseurs institutionnels ».
La complexité de l’intégration de la durabilité dans la stratégie
Les deux intervenants ont signalé que la durabilité n’est désormais pas seulement une priorité, mais un défi également. Les entreprises doivent intégrer ces facteurs dans leurs stratégies, ce qui demande du temps et de l’engagement. Pour les investisseurs, en revanche, l’essentiel est d’évaluer ces enjeux dans leurs processus de prise de décision d’investissement et dans les entreprises auxquelles ils participent, et pour ce faire ils bénéficient du soutien de conseillers en vote.
Parmi les points les plus pris en compte, les plans de rémunération liés aux objectifs ESG ont été mis en relief, ainsi que l’évolution des matières soumises au vote des assemblées générales, où, en plus des déclarations d’information non financière et des rapports sur le développement durable à venir, certains aspects spécifiques liés à la durabilité, tels que les plans d’action climat, ont déjà été présentés au sein de certaines sociétés.
D’autres questions émergentes dans le cadre du dialogue entre investisseurs et émetteurs, a signalé Juan Prieto, sont l’indépendance et la composition du conseil d’administration, les droits de l’homme, les droits sociaux et les droits des actionnaires, les assemblées tenues en virtuel, l’architecture et l’urbanisme durables et l’intelligence artificielle.
Le défi de la gestion de l’information ESG
Un autre aspect central du débat a été l’organisation de la grande quantité de données traitées par les conseillers en vote. « La normalisation des rapports sur le développement durable dérivée de la CSRD facilitera cette tâche », a déclaré Prieto.
« En tout état de cause, il y a lieu de s’attendre à une certaine rationalisation réglementaire afin que la profusion d’informations exigées actuellement des entreprises ne porte pas atteinte à leur compétitivité », a conclu M. González.
Un sujet de forte actualité
La session s’est clôturée par un message clair : la durabilité est aujourd’hui un facteur clé, tant pour la détermination des stratégies des entreprises que pour la prise de décision d’investissement des investisseurs institutionnels.
Toutefois, il s’agit encore d’un enjeu émergent si on le compare, par exemple, à la gouvernance des entreprises, de sorte que tous les acteurs (investisseurs, émetteurs, régulateurs et conseillers) doivent suivre de près son évolution.