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«Les dialogues de Garrigues Durable» : après les accords de Paris, la COP26 appelle à l’action
Lors d’une nouvelle rencontre tenue dans le cadre des « Dialogues de Garrigues Durable », la directrice générale de l’Office espagnol du changement climatique, Mme Valvanera Ulargui, a passé en revue les conclusions de la 26e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) à laquelle elle a participé, et a analysé les résultats de celle-ci par rapport aux attentes. Son constat est optimiste.
La COP26, qui s’est déroulée à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2021, fut annoncée comme étant la plus importante depuis la COP21, où le fameux accord de Paris avait été conclu. Mais en a-t-il été vraiment ainsi ? Mme Valvanera Ulargui, directrice générale de l’Office espagnol du changement climatique, a abordé, lors de la nouvelle édition des Dialogues de Garrigues Durable, les faits marquants de ce sommet qui, d’après elle, a effectivement comblé les attentes.
Lors du dialogue tenu avec M. Antonio Baena, associé de G-advisory, et avec Mme Sonia Franco, directrice du service Communication et Marketing de Garrigues et qui dirigeait les débats, Mme Valvanera Ulargui a mis l’accent sur l’un des messages les plus importants délivrés à l’issue de la Conférence : « Il existe un engagement clair pour produire des cadres juridiques et des normes compatibles en matière d’émissions de gaz à effet de serre ». Et de préciser l’importance de cet engagement car il met en place la clef de voûte des sommets sur le climat des prochaines années : le cadre de transparence et la mesure, c’est-à-dire la façon dont les pays vont informer sur leurs émissions, suivant quels critères et dans quels délais. « Il était très important que tous les pays adoptent les mêmes règles d’information sur les gaz à effet de serre », a-t-elle déclaré.
Dernières nouvelles à la COP26
Mme María Serrano a expliqué que la feuille de route du Groupe BEI dans son rôle de Banque du climat est un document transversal qui affecte toutes les activités de la banque, financières et non financières : « Le changement le plus important, qui s’est produit en 2021, est de toute évidence l’engagement qui a été pris d’aligner toutes les activités que nous finançons sur les principes et les engagements de Paris ».
Elle a en outre rappelé qu’il « s’agit d’un document dynamique qui a vocation à intégrer de nouvelles initiatives ». Et d’annoncer, en avant-première, que des avancements vont se produire en la matière lors de la COP26 à Glasgow dans les semaines à venir, notamment deux nouvelles très importantes. Tout d’abord, a-t-elle souligné, un cadre va être proposé visant à garantir non seulement l’alignement des activités financées sur les objectifs et les critères de Paris mais encore l’alignement des clients financés : « cela veut dire que nous allons examiner quels sont leurs engagements, pas seulement l’actif à financer, pour nous assurer que toutes les activités et le modèle d’entreprise de la société sont bien alignés sur ces objectifs ». Et d’ajouter que, « bien sûr, des mécanismes seront prévus pour aider les clients confrontés à une transition plus difficile ». La deuxième annonce porte sur « un plan d’action pour renforcer le financement de l’adaptation au changement climatique, une question qui constitue sans conteste l’un des grands défis des années à venir. C’est important pour tous les pays, mais surtout pour les pays en développement ; il faut une solution mondiale », a-t-elle remarqué.
Élargir la gamme des instruments financiers
Gaspar Atienza a souligné l’importance de fournir une sécurité juridique aux investisseurs. En ce sens, il a souligné que le document, très transversal et novateur, met l’accent sur l’innovation juridique et envisage de nouveaux instruments financiers, mû par la volonté d’élargir l’horizon des instruments juridiques disponibles. À cet égard, Mme María Serrano a rappelé que la gamme des produits financiers « verts » est en plein essor : « Nous disposons d’une gamme très large. Ceci étant, s’il y a bien une chose que nous avons constatée à la BEI c’est la nécessité d’élargir les mécanismes. En effet, il ne s’agit pas seulement d’accoler un label au type de prêt que nous accordons mais encore de contribuer à ce que le financement parvienne plus facilement là où il est nécessaire, de la manière la plus performante possible tout en gardant à l’esprit que nous devons catalyser les financements du secteur privé ».
Elle a également affirmé que « nous sommes en présence d’un changement de philosophie : on passe de l’utilisation de ressources budgétaires de la Commission sous forme de subventions non remboursables à leur utilisation sous forme de garantie, ce qui permet de multiplier leur impact. Sur ces prémices, nous devons travailler sur de nouveaux instruments pour pouvoir agir dans des domaines que nous n’atteignons pas actuellement, en tant que BEI, en tant que Commission européenne et au niveau mondial. Continuer à compléter et à élargir la gamme d’instruments financiers ».
Vers une meilleure définition de l’ESG
Mme Sofía Lazcano a transmis la préoccupation exprimée par plusieurs clients sur la nécessité d’améliorer la définition et les comptes-rendus d’ESG pour tous les instruments. À cet égard, l’experte de la BEI a affirmé que c’est chose faite : « Les agences de notation intègrent depuis quelques années des critères ESG dans leur analyse du risque de crédit et le marché l’exige de plus en plus. Nous ne voulons pas seulement connaître l’EBITDA de l’entreprise ou savoir si elle respecte les ratios, nous voulons en plus avoir une image complète de son modèle d’entreprise, en y intégrant les aspects ESG ». D’ailleurs, elle a précisé qu’une série de directives sont en chantier et qu’elles obligeront les entreprises et les institutions financières à accroître leur obligation de rendre compte en la matière. « Nous le faisions déjà chez la BEI, mais nous voulons aller plus avant afin que nos clients s’efforcent dans ce sens. En outre, le fait de fournir ces informations au marché sera quelque chose de positif pour le client même », a-t-elle ajouté.
L’écoblanchiment : l’importance des normes
Toute la méthodologie pour favoriser la transparence et qui va croissant s’avère essentielle pour éviter l’écoblanchiment, comme l’a souligné M. Gaspar Atienza dans sa conférence. À ce sujet, Mme María Serrano a précisé « non seulement la transparence, mais aussi l’harmonisation, car elle permet de comparer ». Comme elle l’a expliqué, « il y avait de nombreux instruments ou agents sur le marché qui utilisaient un même nom pour désigner des choses différentes. Il est important que tout le monde sache ce que recouvrent ces instruments, quels sont les actifs financés. Cela profitera à tout le monde et il arrivera un moment où cela attirera davantage de financements ».
Enfin, Mme Sofía Lazcano a invité l’experte de la BEI à donner un aperçu des questions sur lesquelles portera la mise à jour des normes environnementales et sociales. « Les normes sont en cours de révision. Nous appliquions déjà des critères exigeants aux investissements que nous finançons, du point de vue de la durabilité environnementale, de l’atténuation des impacts. Maintenant nous mettons un peu plus l’accent sur l’aspect social ». Par ailleurs, elle a rappelé que plusieurs directives sont en cours de rédaction dans ce domaine : « notre démarche anticipe d’une certaine manière ce qui pourrait se produire ». Elle a également expliqué qu’ils financent souvent des zones géographiques ayant des réglementations très différentes et qu’il est donc essentiel de pouvoir se guider par des critères communs, par des normes qui permettent d’établir des standards minimums à respecter.
En ce sens, elle a précisé que la taxonomie sociale, qui devrait être publiée en 2022, est un projet mené depuis la Commission européenne et que les lignes directrices vont dans le sens d’avancer dans la governance (gouvernance d’entreprise), le travail digne, les droits de l’homme… et permettront d’établir les fondations sur les normes minimales et l’harmonisation et la facilité de comparaison des investissements qui sont financés afin d’attirer de nouveaux investisseurs. « Je pense que l’investisseur qui accorde de l’importance à l’ambition climatique des activités qu’il finance n’est pas moins soucieux du respect des droits de l’homme. Continuer à améliorer les normes dans ce sens sera essentiel », a conclu Mme María Serrano.